Cramaillotte (ou gelée de pissenlit) au thym et gingembre
Cela faisait plusieurs années que je souhaitais réaliser de la cramaillotte (gelée de pissenlits), et le test d’une collègue de formation (naturopathie) l’an dernier m’a encore plus tenté bien que je n’étais pas inspirée par l’idée d’effeuiller les fleurs de pissenlits durant des heures Mais…voilà que cette année le jardin nous a offert pas mal de pissenlits et que la jolie cramaillotte me faisait donc à nouveau de l’œil.
Pour cette recette, je me suis inspirée de la recette de François Couplan dans son livre « Confitures inattendues » à laquelle j’ai ajouté du gingembre en plus du thym. Cette douce saveur agrémentée de thym fait vraiment penser à du miel En revanche, j’y ai mis moitié moins de sucre et comme la texture était un peu trop liquide, forcément, j’ai fait le choix d’intégrer un peu d’agar agar. Résultat : top !
La cramaillotte ou crameillotte viendrait du mot franc-comtois qui signifie pissenlit (ici dans la Loire, les feuilles de pissenlits se cuisinant comme des épinards ou en salade, ont le doux nom de baraban ). Elle se prépare comme une gelée après avoir laissé infuser les fleurs de pissenlit plusieurs heures dans l’idéal.
Quelques infos sur le pissenlit (Taraxacum officinale de son nom latin) :
Tout se mange dans le pissenlit ! De ses fleurs à la racine en passant par ses feuilles en dents de lion.
Ici je vais parler des fleurs essentiellement.
Le pissenlit est une plante diurétique, d’où son nom renommé « pisse au/en lit » par les enfants mais qui serait en fait son ancien nom .
• Il stimule donc les reins (éliminant ainsi l’acide urique responsable de rhumatismes et de la goutte) bien que cette propriété soit surtout associée aux feuilles (baraban :)) mais il est également bon pour le foie et la digestion qu’il stimule également. Le pissenlit soutient le foie dans son travail de transformation des déchets et permet leur évacuation.
• Il fait partie des plantes dites « toniques amères » dont l’amertume lui apporte ses propriétés apéritives entraînant la sécrétion des sucs digestifs et permettant d’ouvrir l’appétit, de réguler les fonctions hépato-biliaires (foie et vésicule biliaire) et d’augmenter le volume de la bile (qui permet une meilleure digestion notamment des graisses).
• Par la même occasion, le pissenlit permet de rétablir les problèmes de peau liées à un dysfonctionnement du foie ou des intestins. Il est d’ailleurs possible de l’utiliser également en externe et d’en réaliser une lotion ou un macérât huileux pour la peau.
C’est pour toutes ces propriétés que l’on retrouve souvent le pissenlit dans les détox printanières. Il permet un drainage, un nettoyage de l’organisme en douceur lors du passage de l’hiver au printemps, ceci sans effets secondaires sauf en cas d’allergies aux astéracées (pissenlit, camomille, œillet, tournesol, asters, artichaut, chardon…) et en cas de traitements médicamenteux (renseignez-vous auprès de votre médecin, pharmacien et naturopathe), et à moindre prix.
Pour en savoir plus sur cette fleur que tout le monde connaît et pour ne pas la confondre avec d’autres fleurs lui ressemblant, je vous conseille cette vidéo de Caroline Calendula, ethnobotaniste (formée chez François Couplan justement), créatrice culinaire et auteur du sympathique blog « Les plantes sauvages au quotidien ».
Ainsi que celle-ci de Christophe de Hody, un super botaniste et herbaliste.
Et l’article + vidéo du fabuleux Christophe Bernard, herbaliste et auteur du magnifique site Althea Provence.
Place à la recette…
Avant de commencer, prenez soin de bien choisir l’endroit où cueillir vos pissenlits (comme toutes les plantes que vous cuisinez) et faites-le idéalement dans l’après-midi lorsqu’ils sont bien ouverts.
Préférez un jardin naturel loin des pesticides mais également loin des routes et de la pollution ainsi que des bovins et ovins.
Et surtout, veillez à réserver des pissenlits pour les abeilles qui en raffolent puisque leur nectar est une importante réserve d’énergie pour elles à la sortie de l’hiver.
Ingrédients (pour environ 6 pots moyens, de 200g environ)
500g de capitules de pissenlits bien ouvertes (environ 250 pissenlits)
1 L d’eau
400g de sucre (F. Couplan utilise du sucre gélifiant à hauteur de 800g)
1 orange bio ou non traitée
1 citron bio ou non traité
2 branches de thym
1 petit morceau de gingembre d’environ 3cm (on le sent moins que le thym, j’en mettrai peut-être un peu plus la prochaine fois)
2 cc d’agar agar (4g)* (facultatif si vous mettez plus de sucre que moi)
1.Une fois que vous avez cueilli les pissenlits, laissez-les reposer un peu histoire de laisser s’en aller les petits insectes. Ne les passez pas sous l’eau à cette étape au risque de vous retrouver avec des capitules tout refermés ! (oui j’ai testé )
2. « Epluchez » ces capitules et gardez uniquement les fleurs jaunes (ce que l’on prend pour des pétales ou du pistil sont en fait des fleurs, ce qui est le cas également pour les marguerites ou les camomilles entre autres). S’il reste un peu de vert ce n’est pas grave, certains utilisent le tout mais cette saveur amère n’est pas toujours appréciée. Si vous gardez le vert, vous bénéficierez des vertus cholérétiques et cholagogues de la plante (qui augmente la quantité de bile et son excrétion).
Après avoir récupéré les fleurs jaunes, vous pouvez ou non les rincer.
3. Mettez les fleurs dans une casserole avec l’eau puis ajoutez les oranges et citrons coupés en quartiers, ou en rondelles (ce que j’ai fait) et le gingembre.
4. Faites cuire à feu doux et à couvert pendant 1 h.
5. A partir de cette étape, j’ai procédé différemment de la recette originale puisque j’ai choisi de laisser infuser toute une nuit comme la plupart des recettes, au lieu des 15 minutes demandées (et parce que dépouiller autant de pissenlits mérite bien d’en retirer le maximum de parfum quand même, non ?! ).
Donc laissez tiédir, puis une fois cette infusion tiède, ajoutez le thym puis laissez infuser et refroidir plusieurs heures voire une nuit.
6. Le lendemain matin, filtrez dans une passoire ou une étamine ou un linge propre, et pressez bien le mélange afin de retirer le maximum de liquide et donc le maximum d’arômes.
7. Versez le sucre dans le liquide puis portez à ébullition.
Plus vous ferez cuire et plus la gelée se formera. Vérifier la prise de gelée en faisant le test de l’assiette froide.
Si vous souhaitez une consistance sirupeuse, portez à ébullition et laissez bouillir à feu doux environ 20 minutes (5 minutes seulement pour F. Couplan et son sucre gélifiant) et si vous souhaitez une consistance de gelée plus ou moins liquide, faites cuire 45 minutes à 1 heure ou ajoutez de l’agar-agar au bout de 20 minutes de cuisson environ (obligatoire si vous utilisez seulement 400g de sucre comme ce que j’ai choisi de faire) et faites cuire 5 minutes de plus.
8. Versez le mélange bouillant dans vos pots bien lavés et séchés puis refermez et retournez-les jusqu’à refroidissement.
Conseils :
*A la place de l’agar-agar vous pouvez utiliser de la pectine (5 à 15g par litre en fonction de la consistance voulue mais dans cette recette, je dirai plutôt 5 à 10g étant donné la quantité de sucre). La pectine doit être mélangée au sucre avant d’être incorporée au liquide. Ou alors vous pouvez utiliser des trognons de pommes qui contiennent pas mal de pectine. Je vous déconseille en revanche la gélatine qui n’est habituellement pas utilisée pour les gelées et confitures mais si vous voulez essayer, à vous de voir 🙂
– Vous pouvez ajouter des zestes de citron et/ou d’orange et les laisser dans la gelée lors de la seconde cuisson.
– Vous pouvez également essayer avec d’autres plantes aromatiques comme le romarin (également plante détox).